- Textes Contemplatifs -





Mon regard s'ouvre au seuil de la nuit.
La plaine s'est parée d'un silence lumineux, pétillant du chant des grillons qui berce mon berce mon coeur sur l'onde du crépuscule. Les lueurs vespérales s'éteignent peu à peu. Je respire. Le bruissement de l'herbe enchante mes sens et j'avance sur le flanc de la colline.
Tu es là.

Le regard légèrement bridé, ta robe d'un gris perle épouse les reflets bleutés du ciel nocturne. Tu te tiens fièrement devant moi, des mèches noires de ta crinière barrent ton front et passent sur tes yeux doux. La lune s'est posée dans ses voiles d'argent au-dessus de nous. Tu n'as pas peur, et tu fais plusieurs pas vers moi, le museau tendu.
J'hésite.
Dois-je te donner ma main ?

Tu traverses pas à pas la fine distance qui nous sépare. Je peux désormais sentir ton souffle sur moi, tes yeux ne me quittent pas. Les grillons poursuivent leur ode à la nuit et toi, tu m'envoûtes. Les oreilles dressées de curiosité, tu m'observes, j'hésites toujours.
Tremblante, j'ouvre ma paume et lève lentement la main dans ta direction.
Pourquoi toi, as-tu confiance, et pourquoi est-ce à moi de douter ?
Les rêves réalisés ont quelque chose de terrifiant.
Il faut, pour les vivre, s'abandonner.

Tu pousses ton museau dans ma main. Silence.

Regard de nuit.
Peau et robe bleutées sous la lune. 
Un souffle.
Un pont.


Une fille et un étalon sur une plaine.


Texte écrit pour mon professeur d'Histoire en première, qui adorait les descriptions à la Balzac. Enjoy !




La pâleur de la lumière scintille sur les vitraux transpercés d'éclats d'or et de rose. Une façade toute entière arquée de verre, illuminée par les derniers rayons du soleil mourant, dressée au bout de la magistrale salle de bal. Mes pas se cognent contre le silence du marbre crème lissé par le temps, j'ose à peine m'avancer parmi les colonnes de pierre, sur lesquelles subsistent encore des ornements dorés, enlaçant les courbes du pilier avec paresse. Dans ce lieu abandonné au silence et au souvenir, dans cette longue et haute salle recouverte d'une épaisse couche de poussière grise, sous les voûtes peintes de couleurs chaudes encore visibles, ponctuées par d'écrasants lustres de cristal pétillant parfois de quelques lueurs malicieuses, il me semble pouvoir sentir la présence des vivants ayant paru sous leurs plus beaux atours, tout autour de moi, à danser une valse joyeuse et entraînée. Des fantômes qui maintenant ne dansent plus que sur un air mélancolique, l'air du palais devenu lourd de cendres dont le dépôt n'est qu'un reste de souvenirs perdus dans le temps.
Je devine, par delà les deux murs de la salle parsemés de miroirs au grain usé et revêtus de toiles paysagistes ainsi que de lourdes tapisseries dont le rougeoyant a perdu son éclat, entre lesquels s'élèvent nombre de hautes fenêtres vitrées, offrant une vue sur les balcons richement sculptés, la parure crépusculaire du ciel.
Je marche lentement, comme pour ne pas briser ce cocon à la fois mort et vivant dans lequel j'évolue, écrasé dans cette harmonie d'or et de marbre, de lumière expirant et de poussière collante, moi, simple homme, ombre errante dans un souvenir. Je passe devant les hautes fenêtres, élégamment encadrées de draps mauve, ne parviens pas à apercevoir mon reflet flou dans les miroirs salis par le temps, et foule maintenant le large et long tapis bordeaux dont les motifs brodés en fil d'or et d'argent dessinaient d'envoûtantes courbes où feuilles de frêne et de lauriers s'entremêlent, laissant éclore quelques orchidées plutôt effacées accompagnées de primevères malheureusement défraîchies.
Le silence des murs est retentissant et rend ma respiration plus forte, comme si son écho montait vers les courbes des coupoles pour se transformer en une succession de vagues soupirs. Je ne saurais dire si j'ai froid ou chaud. Je continue sous les regards vides d'angelots blancs et potelés penchés sur moi, accrochés aux angles du haut plafond, et parmi ces statues délicates et figées, ces peintures au dessus de ma tête et sur mes côtés, ces fenêtres et ces tapisseries, ces miroirs aveugles et ces colonnes fières, j'arrive devant l'estrade illuminée.
Le tapis royal me dépose au bout des trois marches polies, mes pieds les gravissent une à une, et je me retrouve encerclé de cette lumière douce et vive à la fois, un précipité de cendres tombant sur moi et devant mes yeux, devenant une traînée de poussière de lumière sur moi.
C'est un mur de verre en demi cercle, une alcôve totalement transparente face à l'approche tâtonnante de la nuit. Il ne reste que quelques pans du soleil, poussé d'un autre côté de la terre, il vit ses ultimes instants sous mes yeux, brûlant d'un jaune vif et d'un rouge bouillant. Je suis arrivé à temps, ici, où ce dernier a prit possession de tout ce lieu, et pourtant, au dehors de ce palais, au delà des plaines et de la mer pailletée d'étincelles vive, le soleil disparaît définitivement et me laisse aux mains de l'obscurité.







Je suis au bord de l'univers.
Je suis assise sur le plus haut mont de la terre, le regard perdu dans le ciel partagé du crépuscule. Un vent jeune souffle contre ma joue, j'ai les genoux repliés contre moi, les étoiles commencent à éclore peu à peu alors que la nuit dépose ses voiles sombres.
Je suis seule avec la brise qui me murmure des secrets inaudibles à l'homme au creux de mon oreille, l'herbe drue qui de ses doigts chatouille mes pieds, ce soir, même ma Mère Nature s'est tue, quelque chose arrive.
Oui, au milieu de cette parure bleue de nuit, tu apparais devant moi, seul, impérieux.
Tes ailes ouvertes forment une coupole noire, ton corps puissamment courbé est tendu, avec ta forte poitrine qui révèle des écailles bleues claires, tes pattes griffues pendent dans l'air immobile, oui, grand Dragon dans le ciel de cette nuit couverte d'étoiles, tu me regardes.
Dans tes yeux nagent vie et mort, lumière et ombre, une couleur d'harmonie, deux billes brûlant d'une flamme bleue. Toi qui traverses les ciels des temps, des univers et sans se préoccuper des faibles hommes, tu as le regard fixé sur moi, comme si cette vision te stoppait dans ton vol majestueux et inaccessible.
Je ne sais pas si tu as déjà regardé quelqu'un ainsi, si tu t'es déjà penché sur ses ombres qui grouillent sur la terre, si ton cœur ne s'est jamais ouvert à un être si en-dessous de toi. Pourtant tu me regardes toujours, je me sens aspirée par le tourbillon de tes yeux, et soudain, sans briser le silence et les nuages, tu plonges vers moi.
Tes ailes s'approprient l'air tout entier, ton corps joue avec le ciel et les étoiles, tu es maître de tout ce qui peut vivre ici, devant toi les nuages s'écartent, le vent s'incline et te sert à jamais, et puissant, magnifique et impérial, tu voles jusqu'à moi, moi qui n'ai pas bougé.
Tu es si grand que, enfin posé au sol, ton long cou noir arqué tient ta tête juste devant moi, fille agenouillée, qui sent ton souffle de feu réchauffer mon visage. Nous en bougeons pas. Je ne sais toujours pas pourquoi tu t'intéresses à moi. Tu es si imposant, si animal et libre, que je devrais avoir peur de toi comme tous mes semblables mais pourtant, mon cœur bat plus d'émotion que de terreur.
Je me noie dans tes yeux. Oui, c'est bien un bleu d'harmonie, dans ton regard, je pourrais voir l'univers qui se plie à ta volonté depuis toujours, d'une éternité à une autre. Je me lève lentement. Tu ne bouges pas, moi, si petite, une mouche contre ton flanc, une pépite dans tes yeux prête à être soufflée. Je m'approche, tu es si chaud et froid en même temps, doux et rugueux, droit et ému par quelque chose que je ne saurais dire.
Je lève la main lentement vers toi, tu te laisses faire. Tes écailles sont dures et lisses, brillantes et noires. Je me perds dans tes yeux, encore, encore, à jamais...

Dragon, dis moi, je t'en prie... Pourquoi être venu jusqu'à moi ? Qui suis-je ? Qui suis-je pour qu'un être tel que toi descende de son ciel pour se laisser toucher par une fille comme moi ?

Je suis au bord de l'univers.
A ton écoute.











"Je suis au bord de l'univers.
Corps si fragile suspendu au dessus du temps des hommes, les yeux fermés mais l'esprit grand ouvert, je me tiens roulée en boule au bord de l'univers.
Je suis moi. Un esprit. Un coeur. Une âme. Plus de peau, plus de chair, plus de souffrances, je suis revenue à mon essence première.
La lumière des étoiles m'inondent, même plus que ça.. Je suis en elles. Je suis elles. Mon être papillonne et mon coeur bat au rythme de leur scintillement, je suis l'univers, je suis étoile, je suis firmament, je suis éternité et poussière de lumière tout à la fois.
Et soudain... Ce souffle. Le chant du vent qui s'empare de moi, la symphonie de l'Harmonie et qui me dit de...
Je suis lumière. Pure.
Et revient sur Terre.
Ce n'est plus la même peau. Ni le même regard, de nouveaux sens s'ouvrent à moi... Le vent murmure encore.
Crinière blanche de poudre d'argent qui s'en laisse caresser, regard de nuit pétillant d'étoiles, courbe sauvages et royales, fourrure blanche qui se grise et devient finalement noire, assombrissant mes pattes. Toutes sauf une. Ma patte droite, immaculée, blanche.

Je suis Patte Blanche, Lion sans Terre. Fille des Etoiles, j'erre. Rêveuse qui voyage, coeur parfois sans âge, je ne suis que de passage."


"La vie est un ensemble de Chemin.
Certains sont sombres, sinueux, dangereux, d'autres, lumineux, purificateurs, libres.
La vie est un Chemin.
Son Chemin.
Vous avez partagé le mien un moment. Virtuel mais bien vrai.
Alors juste merci... Merci.
Et bonne route."


"Ecoutes les voiles de la lumière, leur chant s'étale sur le matin, emballe ton oreille et fait danser tes pieds... Regardes les jeunes gens se tendre la main, l'enlacer et s'émerveiller... D'être deux parmi la foule. Il n'y a pas d'échappatoire, la joie vit et moi je suis toujours ici ou ailleurs... Mais je reviens, inlassablement, sur vos chemins."


"Comme l'ombre qui apaise la nuit, je suis étoile déposée dans le ciel,
A la recherche d'une place où je pourrais briller,
De tout mon éclat, de toute ma joie, de tout qui fait que je suis moi.
Monde s'avance vers mes parures de lumière et danse,
Monde si triste et Monde si gai à la fois !
Monde des paradoxes.
J'écouterai toujours Ta voix,
Car il n'y en a qu'une, pour me parler comme Tu le fais,
Tu connais le nombre de cheveux que j'ai sur la tête,
Le nombre de pensée que j'y ai en dessous,
Mes aspirations, mes peurs, mes doutes et mes espoirs.
Il y a une Voix dans le ciel.
Dans le ciel de mon coeur.
Tout ce que je veux, c'est rester une étoile à ton écoute.
Grandir.
Tant pis si les autres ne peuvent marcher à mon pas, je serai seule mais seule avec Toi.
Entends le murmure de la Voûte Céleste,
Comme l'ombre qui apaise la nuit, je suis une étoile déposée dans le ciel."


~ Souvenir d'avant, souvenir d'il y a un an, où j'étais autre, perdue dans un Rêve, pourtant si beau. ~