lundi 21 février 2011

- Neige -





J'ai froid.
C'est tout blanc, ici.
J'avance, seule, lentement, à peine vêtue.
De minuscules étoiles de glace tombent du ciel qui reste silencieux, là, une poudre de flocons qui s'échouent sur la terre et la tapissent d'un manteau qui crisse sous mes pas.
Les grands maîtres l'avaient dit.
Ils avaient appelé ça ...
... De la neige.
C'est doux comme nom.
A l'entendre on ne dirait pas qu'il évoque quelque chose de glacial.
Tout est blanc.
La terre, les arbres de la forêt, le ciel, l'air qui s'échappe de mon nez.
J'ai trop froid.
Je ne suis pas d'ici.
C'est la première fois que je vois et marche dans la neige.
Ma peau mate ne m'est d'aucun secours, pas plus que mes yeux noirs, peu habitués à cette clarté.
Le monde est blanc.
Le monde est froid.
Il faut que je me transforme.
Avec une épaisse fourrure, je devrais pouvoir survivre.
Je m'arrête dans la neige. Les yeux fixés dans le vague, j'essaie d'oublier le froid, le monde, tout le reste.
Se concentrer sur la musique et les rêves.
Les seules choses que le monde invisible communique avec nous, les humains des tribus Australes. La musique pour vivre et les rêves pour connaître demain.
Les rêves avaient annoncés la neige sur mon chemin et la musique faisait vivre ce moi animal. Libre, puissant, fier, autoritaire.
Je l'entends.
La musique de la neige. La musique de mon coeur.
Je suis monde et monde est moi.
Je commence à bondir en avant. J'ai oublié le froid, j'ai oublié ma part humaine. Son apparence.
Pattes l'une devant l'autre, je cours dans la poudreuse qui s'envole à mon passage.
Je suis invisible désormais.
Blanche dans un monde blanc.
Une crinière crème qui se fond dans le décor, un corps musclé qui ne craint plus ce qui l'entoure. Un regard toujours noir qui voit avec précision et sans couleur.
Je m'enfonce maintenant dans la forêt et me coule dans le silence.
Je ne suis plus humaine.
Je suis lion.
Blanc.
Prête à découvrir les épreuves pour devenir une guerrière à part entière.



Ceci devait être au départ un projet commun à trois autres écrivains, mais il a été avorté faute de temps... Enjoy !

jeudi 3 février 2011

Dans la course...

Attention ! Voici un texte à lire en musique, je dis bien EN musique. Laissez venir les mots au rythme qu'elle vous propose, coulez-vous en elle et faites briller les mots comme s'ils faisaient partie d'un ensemble d'images, de sons et de vibrations....





Papillonnement. Un battement insaisissable. Qui tourne, enferme, envoûte. Qui s'efface. Vite.
Silence.

Monde qui s'ouvre dans un rideau de brume et d'une ligne de terre grise, falaises froides et le chant de la mer se perd dans les mémoires...
J'avance.
Je suis libre, frais, dansant, silencieux, beau.
Je me faufile sur l'herbe, la caresse, l'aube n'est pas encore là, pourtant je l'entend murmurer dans la nuit, m'annonçant son arrivée, toute proche. Il me faut faire vite.
Je m'élance dans les landes endormies, pieds nus et n'ayant que cet ample tissu crème sur mon corps délié. La brise emporte mes cheveux dans un bal joyeux. Je sais que l'on ne sait pas m'aimer comme il le faudrait, je suis le sable qui s'écoule, personne ne me ressent de la même manière.

Je cours.
La mélodie de l'univers s'emballe, il a soupçonné la raison de ma venue et fera battre les tambours. 
Je cours. Vers demain. Vers l'aube qui m'appelle. Moi, Fils des Cycles. Moi qui chante pour courtiser la lune, moi qui danse pour enflammer les coeurs des hommes, moi qui écoute les conseils des étoiles...
L'horizon se déchire.
Mon coeur retentit.

Le soleil se lève ! Il est venu !
Je continue de courir, toujours, plus loin, encore plus vite, rien ne m'arrête, j'ai marié mon être au vent qui désormais me pousse en avant. Mon esprit est devenu air et terre, chant d'élan et de vie, je suis au coeur des choses.
Les êtres vivant à la lumière de l'astre roi s'éveillent à mon passage, oui, je suis celui qui se bat à tout instant pour que le monde se pare des couleurs de la nuit et du jour au moment désigné, je suis le Gardien de la Vie, qui règne sur vous.
Je parcours la longue distance et je ne cesse d'avancer, je ne sais que courir, je ne sais que me battre, jamais je ne me suis arrêté. Pas même une seconde. Je cours pour que vous viviez, je suis celui que l'on célèbre, dont on se remémore, je ne suis d'aucune époque, passé, présent et futur sont miens.
Ecoutez la voix de l'univers.
Le monde chante.
Le monde se lève.
Avec l'or et la chaleur.
La lune recule.
Les étoiles sourient et se fondent dans le ciel.
Je cours sur la terre et dans les nuages.
Mon voile s'étend de la mer à mer.
Rien ne m'arrêtera.
Je suis...
Votre bourreau ou votre bienfaiteur.
Le confident comme le menteur.
Mais je suis à jamais fidèle.
Toujours.
Le monde est une chorale.
De lumière.
N'oubliez pas.
Toujours présent à vos côtés.
Qui vous fait grandir.
Chantez avec l'univers.
Je suis...
A jamais...
Celui qui court...
Je suis...
Le Temps.

Élan



Les mots viennent, les mots dansent, les mots rient et pleurent, vivent, tout simplement. Mots offerts. Mots habillés de sens. D'un espoir, d'une tendresse qui ne tarissent jamais. Rien n'est oublié, le temps présent est une trêve faite à la mémoire. Mots flous ? Tant pis, ils restent offerts. Jamais de réponse malgré tout ce temps passé ensemble ? Tant pis, c'est celui qui offre qui demeure riche de ce qu'il a offert. Temps de colère, temps de pardon, temps de silence, temps de complicité ? Tant pis, c'est la vie.
Dualité de l'être, entre le noble et le lâche, entre l'aigle et le canard, entre un visage ou un autre ? Tant pis, il faut savoir dire adieu au passé.
Mots qui boudent, qui semblent ne jamais trouver écho dans ton coeur. Mots vains ? Tant pis, j'aurais essayé, comme toujours. Mots trop complexes ? Quand même. Ce n'est qu'une forme. Tant pis, c'est beau.
Sens qui se cache et pourtant sens que je te donne. Envie de partage. Envie de nous. Toujours aucune réponse ou quelques mots lâchés à la va vite, sans véritable attention ? Tant pis, on s'habitue souvent plus vite à la déception qu'au bonheur.
Mots simples, sans dorures, sans prétention, juste humbles et sincères.
Une naissance, un début, un commencement et puis...
L'envol.
Vers d'autres rêves à décrocher du ciel pour les rendre possibles.