dimanche 27 novembre 2011

- Rencontre Nocturne -








Ronde du piano qui boucle l'esprit dans une inssatiable mélopée onirique...
Je glisse discrètement un orteil vers la surface de l'eau du lac, saupoudrée d'éclats de lumière lunaire. Les étoiles scintillent au rythme de la nuit au-dessus de ma tête, et s'admirent dans le miroir lisse des profondeurs. Le léger souffle d'une brise nocturne soulève quelques unes de mes mèches dorées en travers de mon visage, tandis que mes yeux se perdent dans l'infini.
Mon pied ne ressent qu'une vague de douceur fraîche l'envahir, le lac a revêtu sa plus calme parure pour m'inviter à en suivre le chant.
Car il s'est élancé, depuis que le soleil est tombé derrière l'horizon, au milieu des harpèges, à la recherche d'une ode à offrir à celle qui passerait par là.
Les doigts du vent s'amusent à pincer les branches des arbres environants telles des harpes végétales, caressent la terre en un voluptueux déhanchement des hautes herbes, et comme de minuscules diamants pétillants, des lucioles tournoient en une valse harmonieuse.
L'enchantement déroule ses effets autour de moi et le silence, soudain, s'épaissit.
Le lac, toujours fait d'un verre réfléchissant la lumière et les formes, vient de me dévoiler la présence d'un être puissant, juste derrière moi.
Regard de glace perdu entre deux reflets d'étoiles.
Pieds nus, je fais virvoleter les pans de ma robe mauve et ma chevelure de miel en me retournant.
Mes yeux suivent lentement les courbes noires et écailleuses de la silhouette qui se détache peu à peu des ombres de la nuit.
Ailes recourbées, pattes au sol, la tête légèrement inclinée sur le côté, il m'observe d'un air grave.
Mon coeur aurait dû vaciller, mes jambes trembler, et pourtant, je me tiens bien droite.
Une rencontre nocturne.
Simple coïncidence ou voie du destin ?
Incapable de répondre à cette question muette, je m'évade en l'apaisante contemplation du Dragon.
Sa poitrine se soulève avec lenteur, il ne semble ni surpris ni menacé. Un parfum d'azur se dégage de lui, fait des senteurs des nuages et de la furtive effluve de poudre stellaire. Néanmoins, je devine le feu qui l'anime de l'intérieur, comme un brasier qui ne perd jamais sa force, ultime défi lancé au temps, qui ne peut en altérer la flamme.
Une rencontre nocturne.
Un passage qui s'ouvre entre deux mondes, un pont jeté entre les rives de deux univers.
Alors, pendant que je le détaille sans mot dire, sa présence s'avance vers moi, m'enveloppe en mêlant puissance et délicatesse, pour finir par s'insinuer dans mon esprit.
" Qui es-tu ? "
La voix est la Vie.
La voix est le Ciel.
La voix est Tout.
En moi.
" Peu importe la réponse. Je suis là. "
" En effet, Enfant. Et pourquoi es-tu venue t'asseoir au bord des mondes ? "
" J'avais besoin de rêver. Là d'où je viens, les gens ont oublié. "
" Quoi donc, Enfant ? "
" Oublié de respirer, oublié de ne courir qu'après le présent, oublié de s'arrêter pour regarder, oublié de vivre, tout simplement. "
" Le Lac est un puit à rêves merveilleux, j'en conviens. "
" Et toi, Dragon, pourquoi m'honores-tu de ta présence ? "
" Pourquoi devrait-il y avoir une raison ? Je suis là. Comme toi. Le temps s'écoule différemment en ce lieu. J'aime en goûter la saveur errante. Et puis... Je voulais connaître le visage de celle qui était parvenue à éveiller la nuit. "
Je rougis. Je sais que mes rêves poussent les êtres et les choses à la lumière, mais je ne m'en étais pas rendue compte, perdue en moi-même en vibrant avec le Lac.
Brusquement, le Dragon arque son cou dans ma direction et approche sa tête de la mienne. Une chaleur tendre émane de ses narines pour peu encore fumante, et sans crainte, je pose une main sur sa joue.
" Les Dragons comme toi acceptent-ils de recevoir des requêtes de simples humains comme moi ? "
" Simple humaine, tu te trompes lourdement. Mais oui, les humains ont ce droit. "
" Dragon, m'emmènerais-tu ? "
" Où donc, Enfant ? "
" Là où tous les mondes fusionnent. "
" Tu parles du Bal d'étoiles ? "
" Sans doute, je ne connais pas comment cela est nommé dans cet endroit. "
" Ce lieu mène à tous les possibles, tout se nomme selon ta volonté. Toi, rêveuse, tu devrais le savoir. "
" Peut-être moi aussi, ai-je oublié... "
J'ai l'impression de déceler une vague de compassion dans le regard du Dragon.
" Promise au changement, il n'a pas été permit à votre race de posséder une trop grande mémoire, cela vous aurait ralenti dans vos progressions. Cependant, si tu es ici, c'est que tu as été capable de te souvenir de l'Origine. Ton âme, malgré tous ses voyages, n'a pas perdu le chemin qui la conduirait à la source de toutes choses. Ainsi, en te menant au Bal d'Etoiles, je ne fais que te ramener à ton existence première. "
" Tu acceptes, alors ? "
" Bien sûr, Enfant. C'est moi, qui me sent honoré, d'avoir été choisi ce soir, pour cela. "
Je ne peux m'empêcher de sourire. Et, d'un seul mouvement, me colle à lui, tentant maladroitement de tenir entre mes bras la circonférence de sa gueule. Tandis que je dégage avec précaution, j'entends de douces vibrations s'élever, comme un doux grognement. Le Dragon rit.
" Ta reconnaissance est mienne. J'offrirais avec plaisir mes ailes aux filets de tes rêves. "
" Alors, n'attendons plus. "
" Oui, approche, Enfant. "
D'un souffle, il a ouvert ses ailes en coupole tournée vers le firmament, s'est redressé en un magnifique élan de vie. Je retiens ma respiration quelques instants, cherchant à cueillir ce moment que personne ne pourra m'arracher.
Ses yeux étincellent, pris dans ce tourbillon cyan, m'entraînant à lui.
Docile, je grimpe, étrangement, avec facilité sur ses épaules. Une fois assise, la sensation se fait plus précise. Après mon esprit, le Dragon transmet à mon corps sa douce chaleur rassurante, et a finit par faire de moi une extention de lui-même. Je vais voler avec lui.
En lui.
Impérial, le Dragon étend ses ailes des deux côtés, relève la tête vers les étoiles, contracte ses muscles, fait le dos rond comme un tigre prêt à bondir.
Je ferme les yeux. J'inspire avec délice et me plonge à nouveau dans le chant du Lac.
Je sens toute la force qui s'élève sous moi, toute la puissance contenue dans cette peau d'écailles noires, et la vérité qui se trace dans l'univers.
Une seconde s'étire en un millième de battements de coeur.
Et soudain, la vie se fait Air.
Qui fouette mon visage, secoue toute ma chevelure, encercle mon âme.
La mélodie du Lac se fond dans celle de l'Univers.
Je suis âme étoilée.
Et le Dragon file à travers les nuages, le vent lui-même, dépasse les planètes, et s'enfonce au plus profond de la nuit.
Les mondes s'ouvrent à nous.
Air qui flamboie.
Feu qui respire.
Eau qui fredonne.
Terre qui appelle.

A exhalter la vision qui s'éveille à elle.
Une seule et même étoile vient de naître.

dimanche 20 novembre 2011

- Prose Amoureuse -




Soif intarrissable de ta présence,
Manque constant de ton regard,
Attente interminable d'un signe de ta part,
Baser mon estime sur ce que tu penses.

Les coeurs s'allient dans une course folle,
Celle du bonheur de se construire ensemble,
Unissant deux êtres qui ne tremblent,
Que face à ce qui pourrait balayer l'autre de ce beau vol.

Ainsi privé de sa moitié de vie,
Les pensées se tasseraient dans un esprit abattu,
Désemparé de s'être, avec l'autre, perdu,
Ne recouvrant plus en rien une once d'envie.

Comment se résoudre à l'évidence ?
Sans toi, le monde se retrouve dénué de toutes couleurs,
Même le temps tourne sans heure,
Nous demeurons le centre unique de cette danse.

Je suis vouée à exister en nous désormais,
Je n'ai qu'un port d'attache, qu'une bonne étoile,
Car c'est par toi que la vérité se dévoile,
Ce qui a été bâtit de nos mains ne s'effacera jamais.

Trop d'absolu aux papilles de gens frileux,
Mais je décide de faire, dans le vide, ce pas,
Laissant le néant devenir l'infini de tes bras,
Afin que tu goûtes à mon océan d'amour que je puise des cieux.

Alors, impatience de faire saisir l'impalpable !
Ce feu ardent qui flamboie dans la nuit,
Pour l'éternité, tu sauras que mon univers sera ton lit,
Permets-moi de verser ici l'inoubliable.

Quand m'arrêterais-je ?
Je ne sais, pourquoi tarir une source qui jaillit au ciel,
Chanter sa force de vivre et de cultiver ses merveilles,
Et fortifier mon être qui deviendra ton florilège ?

Rappelez-vous donc, chers auditeurs,
Que je suis la fille, la rêveuse, la lionne
Dont personne ne peut prendre sa fierté qui claironne,
Devant vous j'élève mes sentiments vainqueurs.

La vie ne suit plus son cours dans mes veines,
Si tu ne te penches pas sur moi ; mais d'un sourire,
Me tendre cette impulsion d'âme que je me vois offrir,
Par le plus bel espoir réalisé de mon coeur, puisque tu m'aimes.

jeudi 17 novembre 2011

- Une confidence, une reconnaissance, une délivrance...-


Souffle.
Inspiration.
Yeux clos.
Expiration.
Paix.

Lentement les notes glissent sur moi telles des ondes colorées, je goûte à la mélodie en distinguant toutes ses saveurs, le rythme s'imprime avec assurance, et comme une amie consoleuse, la musique prend place en moi.
Combien de nuits, combien de larmes, combien de soupirs et d'appels à l'aide que ma bouche a voulu étouffer.
Mais elle, parle pour moi.
Quelle chose simple et folle à la fois !
Les mots ne sont plus mes pensées, ils se font le reflet de mon coeur à l'écoute.
Suivre la vague, se laisser guider, afin que l'eau musicale coule pareille à un torrent purificateur, que je me délivre de moi-même, de ses peurs et de ses doutes.
Volonté...
Je la cherche, je la devine, je la perds, je la reprends !
Un yoyo de courage qui monte et redescends sans cesse, tandis que la durée du jour s'amoindrit, tandis que les esprits, fatigués par les premières morsures de l'hiver, s'irritent pour un rien, créant par là des noeuds bien plus durs.
Espoir...
Je me demande toujours où la trouver, cette petite chose si fragile et pourtant si essentielle !
Suis-je habilitée à le forger par moi-même ?
Partir en quête de quelque chose qui finalement, est en nous.
Vous êtes mon espoir. Ainsi, à jamais, vous détiendrez ma reconnaissance.
Pas de vie sans les autres, pas de réalité, pas de rêves, pas d'avancée.
Cependant, lorsque tout s'entremêle, que l'on ne sait plus voir le vrai du faux, que notre vision se brouille, que le coeur cogne à une cadence endiablée, que la respiration se fait difficile, que le sommeil se cache, tout bascule...
Et je suis à nouveau un esprit à la dérive.
Qui suis-je pour vous donner des leçons ? Qui suis-je pour vous dire d'arrêter de regarder en arrière, d'avoir peur de votre ombre lorsque la nuit vous encercle ?
Je partage vos peines, je partage vos questionnements, aussi vos joies !
Je partage et je n'en essaye pas moins d'être votre soeur.
Soeur de sang, humaine je demeure, soeur d'esprit, car brillent vos âmes animales près de la mienne, soeur de coeur, car je m'évertue à essayer de veiller sur vous.
Soeur, amie, c'est déjà beaucoup pour quelqu'un qui ne savait pas vivre, vraiment.
Mais j'attendais plus...
Des Anciens d'Amérique inscrivèrent un jour sur une Déclaration que tout homme a pour droit inaliénable la recherche du bonheur...
Ce droit, l'ai-je ?
Qui offre cela ?
La réponse nous apparaît souvent au moment où l'on s'y attendait le moins, comme un fruit tombé d'un arbre que l'on ne soupçonnait pas.
Un bonheur se construit, se savoure, s'entretient, s'anime.
Mon bonheur, c'est de vous avoir...
Quelle que soit l'heure, la météo ou la distance, vos pensées affluent vers moi et m'entourent.
Me protègent.
Que chacun d'entre vous prenne conscience de ce pouvoir disposé entre vos mains.
Sourires, mots, gestes...
Présence.
Oui, mon bonheur, c'est de vous avoir.
Et aujourd'hui, je dois apprendre à être pleinement heureuse.
M'accrocher au vrai, m'accrocher au présent.
Apprendre le bonheur n'est pas aisé pour qui s'est vu perdre par le passé, cependant...
Confiance.
Faisons-nous confiance.
Le coeur n'oublie pas même s'il pardonne, le coeur est un âne, le mien surtout, mais je ne regrette pas de donner à cet instant, c'est un âne attendrissant, qui porte ses charges dans les chemins de la montagne de la vie, prêt à visiter de nouvelles niches auréolées de lumière.
Voici une petite vie qu'est la mienne. Elle ne mérite pas d'être écrite, juste de continuer.
Une petite vie que vous avez rempli de choses merveilleuses.
Et tous ces dons que vous m'avez apporté, désormais, je peux y croire.
On parle de rencontres cruciales, de carrefours du destin...
Je ne saurais juger de l'existence ou non du hasard, mais vous êtes là et c'est tout ce qui compte.
Je dis 'vous' car lorsque j'essaie de compter, mes yeux se mouillent...
Je sais que si je connais mieux la carte de la France et de quelques autres pays, c'est parce qu'il me fallait savoir où vous vous trouvez...
Mythomane, c'est ainsi que certains voudraient m'appeler.
Je bénis alors mon imagination d'avoir su recréer des êtres aussi extraordinaires !
Pourquoi écrire, alors ?
Il faut écrire.
Il faut ancrer l'amour dans l'encre, taper aux portes des sourds, arroser les insensibles, soulever les affaiblis, il faut de la lumière dans ce monde !
Qui de nous l'a été le premier, peu importe.
Vous êtes lumière.
Je n'oublierai pas.
Je n'oublierai pas !



dimanche 6 novembre 2011

- Et passe le vent sous le regard de la lune... -





Et passe le vent sous le regard de la lune,
Soupire d'argent entre les nuages,
Princesse nocturne qui suit cette forme diurne,
Forgé d'un coeur de tous les âges.

Ronde perle de nacre retient sa respiration,
Se retournera-t-il pour lui faire un signe ?
Quelle existence mener sans son attention ?
La silhouette soudain lui offre un sourire digne.

Les yeux de son amant luisent dans la nuit,
Flammes de l'azur du ciel ou des mers,
Font retentir un appel qui résonne tel un cri,
En une onde d'amour qui traverse toute la terre.

La lumière blanche s'intensifie d'impatience,
Bientôt l'éternel gardien des airs la rejoindra,
Danser dans les effluves douces de son essence,
Et leurs âmes se mêleront en un chant d'émoi.

Ailes déployées vers le firmament,
Le regard fixé sur l'objet de tous ses trésors,
Le corps d'écailles recouvre ce coeur palpitant,
De ce besoin d'élever son aimée au trône d'or.

Les étoiles intriguées s'avancent,
Lune d'une robe de cristal est revêtue,
Dragon vole plus vite que l'on ne le pense,
Il arrive, même le temps s'est tut.

Et le passe le vent sous le regard de la lune,
C'est son amant, le dragon, qui vient l'embrasser,
Se marier à elle un instant qui ne durera qu'une
Eternité.