samedi 24 mars 2012

- Vague d'âme & Ecume de pensées -

Mélancolia comme une once perdue dans la nuit,
Qui de son regard attire ses proies à elle,
Yeux d'amande baignés de lassitude,
Qui vous plonge dans les bras de cette silhouette filandreuse.

Abattus sont les arbres d'espérance,
Brûlées, les lettres de noblesse écrites de l'encre du ciel,
C'est un esprit qui vacille, noyé dans ses angoisses
Auxquelles il ne trouve plus de raison de justifier. Il a peur et c'est ainsi.

La forêt n'est plus, la rivière est gelée, et les oiseaux dorment.
C'est le silence qui s'embrase, et qui écrase tout, ronge, dévore,
Les quelques branches fleuries qu'il restait à ma couronne de vie,
Pendant que le vent souffle les dernières traces de son passage.

Pourtant tant d'obscurité ? Ai-je oublié l'essentiel ?
Être aimée, aimer, avoir un toit, un ventre plein et la santé ?
Ces choses que d'autres achètent ou vendent,
Je les ai encore avec moi, sous mon coeur.

Oh, larmoyantes pensées qui pullulent de plaintes incessantes,
Plante ton venin parmi la sève des nuages,
Oublie les images qui divaguent, et le sens qui s'en dégage,
Ce ne sont que des mots partis au large d'une mer sans horizon.

Et moi, contre un tronc calciné, j'écoute encore.
Les filets d'airs, les respirations, les murmures, les appels.
Transe paranoïaque, l'issue est invisible, l'esprit est prison.
Et me voici mon propre poison, jusqu'à ce que le monde fonde.

Toujours puiser à la source cette eau qui faisait ma renommée,
Celle par laquelle on reconnaissait mon nom,
Cette source, sourde et muette, se cache.
Au milieu du tumulte, je marche à sa recherche, aveugle ou sans mémoire.

Y'a-t-il des destinées ou des vies gagnées ?
Tout s'écrit sur nos lignes, personne ne peut altérer les choses choisies.
Et pourtant le mouvement nous emporte et notre existence nous file entre les doigts.
Nous sommes enfants de l'absurde.

Le mal est partout, certains y sont sensibles,
Mais aucun ne s'éveille.
C'est un moulin où le bon grain se perd dans la poussière,
Où rien ne peut pousser, où la farine sème la blancheur de la stérilité.

Bien encore que ces divagations...
Dames métaphores s'élancent et je laisse les mains glisser,
Vieille libération d'une fille en quête d'espoir,
Ne serait-ce pour s'endormir moins chagrine.

Elle ne cherche pas votre compassion,
Égoïstement, elle livre, défoule, écrit,
Tout ce que sa bouche ne peut hurler,
Pour que le noir des mots sur le blanc de la feuille deviennent son drapeau.

Alors oui, effet de style, tentative de beauté,
Mais s'il se trouve une terre vierge,
Une surface à élever,
Elle ira.

Elle veut sortir de cet escalier, où des chats fantômes feulent,
Les cauchemars ne déguisent que la réalité,
Elle dont on dit qu'elle est la force incarnée, la douceur, que nul ne peut lui retirer,
Elle, elle, moi, moi, moi...

Folie de mots remplis de mon amertume, ici je déverse,
Lire ou ignorés, ils ne sont là que pour être écrits,
Comme des lames que l'on range avant la bataille,
Mes rimes n'iront pas ce soir cueillir mon envie.

Alors pour cette nuit seulement,
Je m'affale dans les draps,
Et attends lentement, que la forêt me fasse un signe,
Comme une suite d'oiseau de feu qui renaîtrait subitement des cendres.

Le feu est passé, il peut purger,
J'attends.
Le souffle frais du vent chatouille.
Peut-être est-ce une bonne nouvelle ?

Oh mais voilà que la lune elle-même se couche...
Ma tête se penche au dessus du lac des rêves
Et s'y immerge, avide d'oubli.

dimanche 18 mars 2012

- 7ème Lettre du Dragon à la Princesse -



7ème lettre du dragon à la princesse :



Chère princesse,

Oh tu ne peux imaginer comme ta dernière lettre ma comblé de bonheur ! Je suis très heureux pour toi que tu aie réussi à conjurer ta peur et à t'enfuir de ta tour qui te tourmentait tant.
Pour être tout à fait honnête, je me doutais déjà qu'il s'était passé quelque chose. J'ai senti ton esprit en mouvement, et l'immense bonheur qui s'en dégageait, car il semble que notre lien spirituel persiste et ce n'est plus seulement tes rêves que je perçois faiblement mais également tes émotions. Je sens que mon esprit est de plus en plus lié au tien. Tu sais, nous les dragons avons un sens particulier envers ce genre de chose, c'est sans doute grâce à cela que nos deux esprits sont si proches. Nous avons la faculté de tisser un lien très fort avec un autre esprit quelqu'en soit son espèce. Je t'avoue cependant qu'un frisson m'a traversé lorsque j'ai découvert la manière dont tu t'es enfuie. Tu as été imprudente, les bas quartiers d'une ville humaine ne sont pas un endroit sûr pour une princesse, qui sait ce qui aurait pu t'arriver et je n'aurai pu fouiller le quartier à ta recherche sans recevoir une pluie de flèches ! Je suis heureux donc qui tu aie quitté la ville, j'ai pu observer plusieurs mouvements de chevaliers qui quittaient le palais tout azimute à ta recherche. J'ai demandé aux esprits de la forêt de répandre la nouvelle de ta fuite et de veiller sur toi le temps que je te retrouve. Ouvre-moi ton esprit, chère princesse, que je puisse mieux te localiser.

Mais avant de te retrouver... je dois t'avouer plusieurs choses. Je n'aurai jamais pensé retrouver cela un jour, mais la sensation de crainte que j'ai éprouvé de peur qu'il te soit arrivé quelque chose quand j'ai appris comment tu t'étais enfuie le prouve. J'éprouve bien plus que de la compassion et de la tendresse pour toi ma chère princesse. Et lorsque je suis descendu pour la première fois des nuages pour m'approcher de toi, je savais qu'un si bel esprit que le tien avait la capacité de m'attirer à lui et de me garder. Rien ne me ferait plus plaisir que de te faire découvrir le monde à mes cotés. Avec toi les craintes de mon passé s'estompent, et je retrouve ce sentiment de liberté et de bonheur qui se produit lorsque deux esprits se lient l'un à l'autre. Loin d'être une entrave ou une intrusion, ton esprit m'a charmé et c'est avec plaisir que j'essaye d'en apprendre plus sur toi à chacune de tes connexions. Je t'avoue qu'il y avait peut-être une pointe de jalousie envers le prince charmant, c'est sans doute pour ça qu'il avait une saveur toute particulière lorsque je l'ai croqué (et merci pour les conseils en matière de transite mais je ne mange pas l'armure^^, tout comme vous lorsque vous mangez des crabes vous ne mangez pas la carapace que je sache). Je crois que le simple fait de savoir qu'il t'ennuyait me donnait envie de le croquer. Bien que je ne réalise pas bien encore ce qui arrive dans mon coeur, j'ai le sentiment d'avoir fait le bon choix en te poussant à sortir voir le monde. Toutefois il faut que tu saches, ma chère princesse, que les Dragons sont de nature solitaire, que la cohabitation avec n'est pas toujours facile, et que, même si je t'apprendrais avec plaisir à te battre à survivre dans ce monde, à ne plus dépendre de personne, il se peut que je ne remplisse pas toutes tes attentes, l'esprit d'un Dragon est si éloigné de celui d'un prince charmant. Un dragon est assez buté, et peut parfois avoir très mauvais caractère. Oh bien sûr, tu sais bien que je ne te ferai pas de mal ma chère princesse, mais il se peut parfois que mon coté Mm.. indépendant, pour ne pas dire sauvage, reprenne le dessus. Mais si c'est vraiment ce que tu souhaites, je peux t'emmener loin de ce château qui te hante et te faire découvrir toute les merveilles que le monde peut offrir. Rien n'est inaccessible à vol de dragon :)
A l'heure où ce message te parviendra je serais déjà en train de survoler la forêt à ta recherche, et la perspective de te voir de près et enfin libre me fait redoubler d'effort. Il me tarde d'être auprès de toi, et j'espère ne pas t'effrayer, j'essaierai de t'annoncer mentalement mon arrivée lorsque tu seras assez près.

Je t'embra... hum :$ j'attends ta présence avec impatience.

PS: Oui c'est une belle légende mais ne t'inquiète pas, je n'ai pas l'intention de rejoindre mes ancêtres et ma reine au firmament de sitôt.

PSS: Mm.. il faut avouer que l'esprit communautaire n'est pas notre fort. Pour faire simple, disons que chacun fait ses grillades dans son coin^^.

PSS: Mais dis-moi, et ton griffon de compagnie ? Qu'en as-tu fait?

vendredi 9 mars 2012

- Travaux en Mots ou Le Soupir de Givre -




Suite à la proposition d'une amie qui m'a concocté une liste de 15 mots, j'ai dû composer avec afin de réaliser ce petit poème. J'ai dû malheureusement m'arranger un peu avec les règles et le dernier vers est totalement un "bonus", puisque les 15 mots n'étaient pas suffisants... Cela reste un petit exercice très frais et qui fais travailler l'imagination ! :)

C'est dans un soupir de givre,
Que j'ai vu se refléter l'ivoire d'un pétale d'hibiscus,
Autour duquel l'oubli, sans cesse, fredonnait un silencieux refrain,
Alternant entre choeur irisé et un espoir provisoire.
Ainsi, je vis la fleur courber l'échine, soufflée par l'hiver.


vendredi 10 février 2012

- Moi c'est moi et toi tais-toi ! -




Moi c'est moi et toi tais-toi !

Frénétiques paroles envolées à travers le miroir du temps,
Brisant le verre au sol où s'éparpillent des mots coupants,
Sourde est devenue la raison et muet est le coeur,
Où nous nous livrons une bataille sans vainqueur.

Des blessures s'ouvrent et l'autre excite toujours notre querelle,
Il tente de m'assomer par l'idée que je ne suis qu'un être de second plan,
Mes mains déchirent mon crâne avant que je n'hurle de plus belle,
Et ne l'attrape pour tendre à son cou un trait d'acier de mon coutelas brillant.

Alors que je le sens se débattre, la douleur que je croyais être la sienne,
Se mêle indubitablement à ma peau et à mes veines.
Eclat de lucidité au milieu des morceaux aux mille reflets de mon visage,
Je n'aperçois dans la pièce qu'un terrible paysage.

Me voici étanglé par mon propre bras tenant ce couteau sans émoi,
La tête écarlate de colère et du manque d'air,
Lorsque soudain, par delà mon esprit, nos voix se font tonerre,
Moi c'est moi et toi tais-toi !

lundi 16 janvier 2012

- Lettre de la Princesse au Dragon 6 -



Cher Dragon,

Ta lettre est arrivée juste à temps pour me donner l'assurance qu'il me manquait pour faire le pas vers la liberté. Pour cela, tu auras à jamais toute ma reconnaissance. Mais avant de te raconter ce qu'il vient de m'arriver, je vais répondre à tout ce que tu as écrit...
Pour ce qui est du lien entre nos deux esprits, je sais que j'y suis pour quelque chose : j'avais et j'ai encore tellement besoin d'un ami qui me donnerait les moyens de réaliser mes rêves, d'être à mes côtés et m'offrir un goût d'évasion, que j'ai cherché à rester auprès de ta conscience, cher Dragon. Et si je suis malcontreusement devenue spectatrice de certains de tes souvenirs que tu aurais voulu garder pour toi, je te fais toutes mes plates excuses, bien que cela, je n'ai pas cherché à le déclencher, comme je te l'avais dit dans ma précédente lettre... L'amour pour cette humaine a été projeté sous mes yeux sans que je n'ai eu à demander quoi que soit. Enfin, tout de même, je te demande pardon.
Je suis tellement désolée que cette relation non aboutie t'aie poussé à te retirer, néanmoins je comprends tout à fait ta réaction, qui me semble légitime. C'est vrai avec n'importe qui : nous ne pouvons pas savoir à l'avance si nous pouvons nous attacher à l'autre, c'est à lui de nous prouver qu'il est digne de notre confiance. Et à travers toutes tes lettres, tu m'as prouvé à quel point je pouvais me fier à toi.
Tu as mangé le prince charmant ?!
Mais... Mais...
Enfin non, c'est dans l'ordre des choses, il ne méritait pas qu'on s'attarde sur lui et si tu avais faim, il aura au moins servit à quelque chose dans sa vie (ou dans sa mort...). Pour ce qui est de la digestion, je suis bien consciente qu'une armure en acier ne doit pas être très conseillée, même pour des intestins de Dragon... Laisse-moi te conseiller de manger quelques fleurs que l'on nomme pensées bleues, elles te faciliteront le transit intestinal, enfin, ce n'est qu'une proposition !
Oh, c'est tellement gentil de ta part... Vraiment, suis-je capable de produire de tels effets sur ton coeur ? Je ne pensais pas pouvoir te faire ce bien que tu décris ... Moi aussi, cher Dragon, il faut que je t'avoue qu'à chaque fois que je reçois l'une des lettres, j'ai un petit picotement au niveau du ventre, je suis prise d'un élan de gaieté incontrôlable et je finis par passer pour une petite Princesse de douze ans qui serait encore coiffée de couettes à ma manière de trépigner dans tous les sens... :$
Oui, lorsque je l'ai fait, j'ai senti tout ton esprit autour de moi et cela m'a protégée. Je vais bientôt te raconter ce que j'ai fait, mon Dragon.
Je me suis tellement posé les questions que tu as soulevé ! Serais-je capable d'un tel acte et d'en assumer les conséquences ? Ne serais-je qu'une potiche qui pleure après des rêves dont elle ne pourrait pas supporter la réalité s'ils venaient à se réaliser ? Puis, j'ai regardé mes servantes et mes pages des jours durant dans leurs tâches peu enviables, et pourtant, je ne peux pas nier qu'ils semblent plus heureux que moi. Ils vivent, ils ont des amis, des moments de peine ou de joie à partager, et cela, je ne pourrais jamais le trouver entre ces murs.
Tu es désormais l'une de mes plus belles raisons de mettre en oeuvre mon voyage vers le monde, Dragon ! Oui, c'est avec toi que je veux découvrir le dehors, c'est à tes côtés que je veux vivre cette aventure. Qui de mieux qu'un Dragon comme guide et protecteur ? Car je ne me fais pas non plus d'illusions, même si je souhaite devenir autonome et apprendre à me battre, il me faudra pour cela un certain temps et durant celui-ci, je sais que je ne craindrais rien sous ton aile.
Tu ne prétends rien et c'est ce qui fait tout ton mérite, mon cher ! Voilà bien toute la différence entre toi et ces mâles stupides et orgueilleux ! Non, je ne supporterais plus la vue d'un seul nouveau prétendant.
Oui, il était temps que je sorte ...
Oh, si je me souviens de cette étoile filante... Etait-ce bien toi ? Vraiment ? Oh... Alors... Alors... Le voeu que j'avais fait en la voyant, c'est elle-même qui l'a rendu réel... :)
Maintenant, mon cher Dragon, laisse-moi te rapporter ce qui vient de m'arriver...
C'était la nuit dernière, alors qu'elle était fraîche et douce, que la musique est venue à moi. Elle s'est glissée dans mon oreille et a résonné le son de tams-tams et celui d'une voix masculine qui chantait dans une langue inconnue, mélodieuse, enchanteresse, magique.
La musique a vibré en moi comme un appel impérieux, m'entraînant à l'éveil, à ouvrir ma fenêtre et respirer à plein poumons l'air astral. C'était si fort, mon Dragon, plus fort que moi, le monde m'appelait, m'attirait à lui, en me soufflant que j'en étais capable.
J'ai rassemblé toutes tes lettres dans une boîte en sapin, pris quelques provisions que l'on me laisse dans mes appartements, aie enfilé une lourde cape sombre, pour finalement me diriger vers la porte.
C'était décidé.
J'allais te rejoindre, découvrir le monde et vivre !
Et la chanson continuait, se prolongeait en mon coeur, à l'écoute des notes gorgées d'une nouvelle aurore.
J'ai descendu les escaliers en colimaçon sans un bruit, suis arrivée devant un portail protégé par deux gardes aux traits déjà assoupis. Oui, il faut que je te l'avoue cher Dragon, j'ai quelques autres pouvoirs sous la main, dont celui de pousser les gens au sommeil. Certains se moquaient en disant que j'étais peut-être trop ennuyante, mais ils ne pouvaient pas se rendre compte de toutes les possibilités que cela m'offre dans de telles circonstances !
Je me suis donc dissimulée dans l'ombre du Palais de mon père le Roi, ai passé la salle d'apparat, et me suis enfin retrouvée sous l'immense porche de cristal qui fait office d'entrée. A chaque pas, je me remémorais l'une de tes lettres. Chaque mot était un bouclier face à mes angoisses, et ta présence, bien que seulement spirituelle encore, m'entourait.
J'ai laissé mes quasi geôliers tomber comme des mouches à mon passage, me laissant libre de suivre ma voie à travers la nuit étoilée. Mon coeur tremblait, je peinais parfois à respirer, mais quel bonheur, oh, cher Dragon, quelle sensation unique que de se voir prendre la victoire sur sa peur...
La musique m'a guidée jusqu'au bout, me transmettant des ondes douces, qui m'ont tenu chaud et rassurée.
Je suis arrivée dans les rues de la capitale, le dalage du sol, les odeurs de marchandises ou des habitants dormant tous profondément, le bruit de quelques chevaux renâclant dans leur enclos, et celui de fontaines éparpillées sur les places.
Ce n'était que le début, mais le monde m'était enfin ouvert !
J'étais libre.
Libre de vivre ma vie, et de te rencontrer !
Je me suis même permise de pousser un cri qui s'est élevé dans le ciel, je ne risquais rien, les seuls qui auraient pu m'apporter des ennuis étaient plongés dans un profond sommeil !
Maintenant que j'ai pu sortir de la capitale, j'ai trouvé une petite auberge dont j'ai occupé la chambre pour le reste de la nuit. Mais cela a été impossible de fermer l'oeil. Comment aurais-je pu dormir ? J'étais enfin dehors... Oui, les draps n'avaient pas les senteurs de fleurs cueillies le matin même pour moi, les murs suaient à certains endroits, le parquet grinçait sous mes pieds et je ne disposait que d'une seule petite fenêtre aux carreaux usés, mais j'étais là, en dehors de cette maudite Tour !!!
Et la musique, tourbillonnante et émanant de je ne sais quel lieu, s'est éteinte lentement en moi, m'assurant qu'elle était venue me conduire jusque là.
Oh mon Dragon, comme tu avais raison...
J'ai bien fait de suivre ton conseil.
Je me suis assoupie et me suis réveillée sous les coups de midi ! Oh, quelle liberté, cela n'existe pas au château ! Ma première grace matinée, le crois-tu ?
Cependant, je dois faire attention désormais, l'alerte a été donnée, et il me faut te retrouver au plus vite, je ne veux pas être reprise...
Je sens que ton esprit n'est pas loin de moi, mais je ne saurais le localiser précisément... Je n'ose te demander de venir me chercher, j'essaierai de me débrouiller selon mes moyens.
Je suis aujourd'hui en train de marcher dans une plaine, une de celles que j'ai longtemps observé de ma fenêtre... J'ai senti l'herbe, l'herbe, mon Dragon ! Oh... Tu dois me prendre pour une folle... Mais c'est tellement nouveau pour moi tout cela... Je ne peux pas même imaginer ce que je vais ressentir lorsque je te verras en chair et en os... Je vais sûrement trembler de tout mon corps...
Pourtant, j'attends plus que tout ce jour où mes yeux pourront afin se poser sur toi !
J'ai hâte. Tellement.
Je t'écris sur le bord d'un chemin, je pense que j'irais me réfugier dans la forêt, j'ai acheté au village de quoi tenir quelques jours, ensuite, nous aviserons...
Ah, si mon père me voyait ! Seule, dans le monde, à marcher et à chanter sa joie !
Tu m'avais manqué, mon Dragon, je suis heureuse que tu sois la première personne chère à mon coeur que je puisse toucher enfin.
Je t'attends, cher Dragon. Dis-moi ce que je dois faire pour te retrouver.

Je te fais de doux baisers et les prochains j'espère seront réels !

Ta Princesse, à la campagne.

PS : Merci pour ce tour il est extrêmement pratique ! Il n'est pas très compliqué, j'utilise le même moyen pour te faire parvenir cette lettre. Il faudra que je mette le royaume des Elfes dans la liste des endroits à visiter !

PSS : Oh, quelle belle légende. Je veux bien y croire. Mais mon cher Dragon, rassures-moi, tu ne comptes aller retrouver ta reine bientôt, n'est-ce pas ?

PSSS : J'ai retrouvé un cercle de terre carbonisé... C'est bizarre, j'ai ri. Il y en a un qui a dû moins apprécier mais, au moins je sais que je suis sur la bonne route. Dis, Dragon, ça ressemblerait à quoi une fête, chez vous ? Carbonisation à volonté de princes en vadrouille ? x)



lundi 9 janvier 2012

- 6ème Lettre du Dragon à la Princesse -





Ma chère princesse.
Je suis enfin de retour dans ton royaume et bien que la beauté de vos plaines et forêts ne valent pas celle des elfes, la présence de ton esprit plus proche que jamais du mien me comble de plaisir. La route a été longue, même à vol de dragon et je goute un repos bien mérité près de ma clairière habituelle. Mais avant je t'écris cette lettre afin de te rassurer (si tu doute encore qu'il puisse arriver malheur à un dragon) et de répondre à ta dernière lettre qui m'a profondément troublée. En effet, j'avais conscience qu'un lien avait persisté entre nos deux esprits, pourtant jamais je n'aurai soupçonné que tu puisses fouiller aussi profondément dans mes souvenirs. Les choses que tu y a vues, je ne souhaitais pas forcement te les faire partager.
Oui ma chère princesse, je suis un dragon qui a un faible pour la race humaine, et j'ai déjà aimé une fille de ton espèce... Cela remonte à fort longtemps mais les dragons ont la mémoire dure, que ce soit pour les bonnes ou les mauvaises choses. A cette époque je n'assumais pas encore bien mon intérêt pour votre race cependant c'est sans doute cette fille qui m'a décidé à en apprendre plus sur vous. Toutefois, cet amour n'était pas réciproque, et depuis lors je n'ai plus étudié les humains et humaines, qu'à distance, par peur de m'attacher à nouveau ou simplement par manque de confiance.
Mais aujourd'hui, à nouveau, je ressens une chaleur et un bonheur au contact de ton esprit que je n'avais plus ressenti depuis une éternité. Tes paroles apaisent mon esprit vagabond comme le ferait le doux ruissellement d'un cours d'eau. Je sens dans ton coeur la bonté et l'écoute des autres, la preuve : bien que tu l'aies repoussé, tu as laissé sa chance au prince charmant. Au passage, je crois bien que c'est lui que j'ai mangé en rentrant de voyage^^. J'étais fatigué, affamé, et j'ai croisé un dandy en armure seul sur son cheval, qui rentrait dans son royaume la mine un peu dépitée. Aux hurlements et gémissements qu'il a poussé lorsque j'ai plongé sur lui, ce devait bien être le prince que tu m'avais décrit. Néanmoins, je t'assure que je l'ai immédiatement regretté. En effet, il était un peu lourd, et je l'ai toujours sur l'estomac.
Toutefois, revenons-en à toi ma princesse. A présent que je suis là, tu n'as qu'à m'appeler en esprit le soir où tu te décideras à quitter ta tour. Je comprends que tu aies peur, mais je t'assure que le monde dehors en vaut le coup.
Cependant, à présent que tu as repoussé le prince charmant, que vas-tu faire chère princesse ? Tu sais... lorsque j'ai sondé ton esprit sur ton désir de découvrir le monde, j'ai aussi vu avec qui tu souhaitais le découvrir :$. Et même si je ressens effectivement avec toi une sensation que je n'avais plus connue depuis longtemps, il faut que tu sache que la vie d'un dragon n'est pas du tout celle d'une princesse dans son château. Je pourrais te faire découvrir le monde pourtant, peut-être finiras-tu par le regretter, ou par te lasser. 
Et puis, un dragon et une princesse ne sont pas... conçus pour vivre ensemble, ou alors juste pour les garder enfermées dans leur donjon... Seulement, j'ai peut-être mal interprété ce que j'ai lu dans ton esprit. Peut-être as-tu d'autres projets. De plus, accepterais-tu d'abandonner ton royaume, de tout quitter ? D'autres princes viendront sans doute (si je ne les mange pas avant ;) d'autres prétendants. Moi je ne prétends rien, il n'y a que toi qui puisse choisir ton destin.
Bref, quoiqu'il en soit, à mes yeux la chose la plus importante est que tu sortes un peu de ta tour. Tu me demandais pourquoi toi, pourquoi je m'intéressais à toi en particulier. Je te répondrais simplement que mon regard a croisé le tien au bon endroit, au bon moment. C'était lors d'une nuit étoilée, mais je suppose que tu as du me confondre avec une étoile, la lumière de la lune se reflète toujours sur mes écailles bleutées. Or, moi j'ai vu la tristesse dans tes yeux, le désir d'évasion, d'une autre vie que celle de château. Ainsi, après la première lettre que j'avais accidentellement intercepté, cela m'a décidé à te contacter, et je dois dire que je ne le regrette pas.
A présent je vais me reposer un peu, j'attends ta lettre avec impatience et tu sais quoi faire pour me contacter.

Ton Dragon.

PS : J'ai trouvé une manière originale de t'envoyer cette lettre grâce à un vieil ami elfe qui m'a enseigné ce tour. Plus besoin de pigeons voyageur, la lettre se change elle-même en oiseau pour voler jusqu'à ta tour.

PSS : Il y a une légende chez les Dragons qui dit que les étoiles sont nées des larmes de la première reine Dragon lorsque celle-ci perdit l'être de son cœur. Depuis ce jour, on dit que les dragons, lorsqu'ils meurent, montent vers les étoiles pour rejoindre celle qui fut leur première reine.  

jeudi 29 décembre 2011

- Caresse de la Nuit -


J'écoute le silence.
Les faibles éclaircies de la lune dessinent les ombres à travers la petite fenêtre, tandis que je demeure allongée, la tête enfouie dans les draps.
A côté de moi, sous la lumière argentée, les courbes se révèlent et mon coeur tremblote au fond de ma poitrine, ému du spectacle qui s'offre à lui.
Le torse, aux larges épaules rassurantes, se soulève doucement, d'un rythme régulier, pendant que sa respiration s'élève non loin de moi, lançant quelques gorgées d'air chaud sur mon nez. La peau est blanche, un parfum sucré l'embaume toujours. Je m'en suis ennivrée toute la soirée et voici que la nuit m'en donne encore tout le loisir. Après les effluves encore tièdes, je me délecte des lignes tendues du cou, qui soutient un visage aimé.
Le menton, penché sur le côté, s'ouvre sur une bouche aux lèvres généreuses, fermées sur un doux sourire, celui d'un homme apaisé. Cette bouche qui m'a offert tant de paroles de lumières et dont l'écho me poursuit encore. Le nez, droit, remonte jusqu'aux sourcils noirs qui surmontent des paupières closes, où je devine des rêves aoutés des danses de nos deux corps enlacés. Les paumettes ressortent de joues recouvertes d'une barbe encore jeune, que j'adore peloter malgré ses fausses protestations, finissant de tracer les contours d'une figure malicieuse et pleine de bonté, coiffée de cheveux courts et bruns.
Le corps repose, endormi, sur un matelat accolé au mien, étendu de tout son long, nu sous la caresse de mes yeux. Le sommeil m'a privée des siens, de ce regard châtain qui me transcende et qui pétille, alors que ses pupilles se dilatent à ma vue.
Je prolonge mon exploration visuelle en reprenant le fil de son abdomen, pour découvrir sur son nombril, sillonné d'une raie de poils doux, sur lequel mes doigts aiment s'attarder et pianoter dessus quelques esquisses de notes tendres ou érotiques selon l'humeur. Son tronc se termine sur des hanches marquées par le glabe de ses fémurs, là où, dissimulé au milieu d'un nuage ténébreux, se trouve son sexe abandonné à un répit mérité. J'achève ma dévorante contemplation sur ses jambes duveteuses que j'ai entrecroisé avec les miennes pour profiter de la suave sensation de leur contact. Je frôle ses pieds que je sens de nouveau froids, je me décide alors, à regrets, à remonter délicatement la couverture jusqu'à ses genoux.
Prisonnier de son sommeil, il se débat pourtant et se tourne face à moi, m'offrant la naissance de ses fesses rondes, l'arqué de ses reins, encore ses épaules réconfortantes...
Je me glisse contre lui, passe un de ses bras au dessus de moi, il murmure tout à coup des mots inaudibles et me serre. Comme par instinct, nos deux corps trouvent leur place chez l'autre, s'enlaçant tels une seule et même personne à deux têtes. Nous échangeons notre chaleur, des soupirs, un baiser assoupi, et la torpeur, après l'amour, finit par nous emporter...

mercredi 14 décembre 2011

- Au commencement... -


Cadeau qu'une amie m'a offert pour mes 19 ans. Sublime, encore merci =)






C'était le matin et l'astre solaire apportait tout juste ses couleurs au monde: le ciel et les nuages pouvaient enfin se vêtir de couleurs pastelles délicates. Ces dernières se sont unies pour former un dégradé de couleurs douces allant du jaune-orangé au violet. Puis, dans la lumière naissante, le ciel a attisé sa flamme. Des éclats de couleurs vives se sont posés à la cime des nuages afin d'incendier le ciel... et d'allumer le regard d'un Lion Blanc, couché sous un arbre immense.
Le feu dans le ciel.
Le signal. 
La force contenue par la grâce, la crinière rutilante dans l'aube, il se lève et marche vers le soleil. Mais quelque chose dans sa démarche a changé. Rares sont ceux qui  auraient pu voir la subtile différence entre son allure du jour et celle d'autrefois. Même moi je l'ai bien difficilement distinguée d'ailleurs. Je pense qu'elle se ressent plus qu'elle ne se voit, finalement. Mais, lui, il sait ce qu'implique cette imperceptible métamorphose. 
Et il marche. 
Oui, il marche encore et encore sur des kilomètres de terres et de forêts. Bien décidé à ne pas perdre de temps, il ne mange ni ne boit du lever au coucher du soleil. Et au crépuscule du jour il s'allonge sous un grand arbre. Son visage noble est tourné vers l'endroit ou se lèvera le soleil il attend. Une silhouette blanche dans le calme de l'obscurité. 
Les étoiles offrent leur reflet à sa robe scintillante. On aurait pu croire qu'il se baignait chaque nuit dans leur lueur protectrice. Et c'était peut être le cas. 
De toute la nuit il n'a pas fermé les yeux. Au matin, lorsque le ciel s'enflamme de nouveau, il se lève, et il marche. Encore. Et au soir il s'allonge une fois de plus sous un arbre, prés de la mer. Il repart au matin dans la lueur d'un ciel enflammé. Mais, en ce troisième jour il s'enfonce dans les eaux de la mer, et il nage. Oui, il nage. 
Malgré son ventre vide. Malgré son manque de sommeil. Malgré les kilomètres déjà parcourus la veille et ceux qu'il devra franchir : il nage, toujours aussi impassible et puissant. Et lorsqu'enfin il atteint la terre, de l'autre coté du monde, il se dresse fièrement. Ses pattes blanches marquent le sable comme des notes de musique sur une partition. Ses muscles roulent sous sa peau humide. Il avance avec tant d'assurance que, dans cette dernière ligne droite, nul ne se serait placé sur son chemin. 
Mais, voyant le soleil incliner sa course, le Lion Blanc accélère le pas.  
Une patte devant l'autre sa marche devient subitement course. Sa crinière de diamant saisit les notes du vent et les fait s'envoler. Son dos s'allonge et se déploie dans un rythme cadencé par sa force et sa détermination.  Jamais il n'a été aussi vite. 
Il croise des Hommes qui ne le remarquent pas, invisible qu'il est lorsqu'il court comme une comète. Et soudain, il stoppe sa course. 
La nuit est presque palpable, mais il est encore temps. Le voici qui pénètre dans un bâtiment des Hommes sans se faire remarquer: car il sait se rendre invisible, même lorsqu'il ne court pas. Il avance désormais plus lentement qu'il n'a jamais été depuis les trois derniers jours, comme si chaque pas exécuté maintenant était investi d'une symbolique sacrée. Son cœur bat lentement et puissamment. Son poitrail s'écarte largement mais son souffle reste inaudible. 
Il n'a pas peur de "l'inconnu qui attend tout être vivant"... 
Il se redresse fièrement et son regard fixe quelque chose contre le mur de la pièce où il se trouve ; il s'approche de cet objet. 
Ce berceau. 
Son destin.
Lentement et sans faire plus de bruit qu'un clignement de paupière, il pose une patte puis l'autre sur le rebord des parois transparentes du berceau. Mais, aussi immense que ce Lion puisse être, elles ne ploient pas. 
Sa pupille de félin s'agrandie, ses yeux prennent la teinte de l'or le plus profond :
Trois jours que le ciel s'était paré d'un habit de couleur pour le prévenir de l'événement...
Trois jours qu'il voyageait.
Trois jours que l'enfant était né et qu'il attendait de pouvoir le contempler. 
Et le voilà qui observe enfin de près l'être qui lui a fait parcourir tout ce chemin. La magie qui pétille dans son regard dût inciter le tout petit enfant à sortir de son calme sommeil : il ouvre ses yeux d'un bleu sombre...et leurs regards se mêlent avec sérénité. 
... Le Lion se pencha un peu plus jusqu'à ce que son souffle atteigne le nouveau né. Il étira alors l'une de ses pattes avant vers la main de l'enfant qui se tendait vers lui. Les doigts du bébé frôlèrent la fourrure de soie du Lion Blanc. S’en écartèrent l'espace d'un instant pour revenir s'en saisir pleinement. La fourrure du Lion se mit alors à briller comme si elle restituait toute la lumière des étoiles emmagasinée durant les deux dernières nuits. 

"Tu nais et je pars, enfant du feu du ciel. Mais je reste avec toi pour toujours" tonna une voix étrange et douce. 

Et alors que le félin devenait lumière, la petite main de l'enfant qui se raccrochait encore à cette fourrure immatérielle prit une teinte d'un blanc nacré.  Elle brillait de plus en plus dans l'obscurité de la pièce alors que la lueur du Lion, quant à elle, s'estompait.  Le félin souriait en regardant l'enfant. Et l'enfant souriait devant cette forme brumeuse qui s'étalait maintenant au dessus de lui,  comme un nuage qui se disloque.
L'enfant aux yeux pétillants tendit sa main vers le plafond de la pièce. Vers la brume qui s'estompait alors que le soleil venait de disparaitre sur terre. Sa petite main et son poignet brillaient encore d'une lueur puissante et magique. Et sur ce petit bras, tendu vers le Lion Blanc désormais invisible, un bracelet indiquait un nom de sept lettres: 
"Laurine"...

***
"La force contenue par la grâce, la crinière rutilante dans l'aube, il se lève et marche vers le soleil. Mais quelque chose dans sa démarche a changé. Rares sont ceux qui  auraient pu voir la subtile différence entre son allure du jour et celle d'autrefois. Même moi je l'ai bien difficilement distinguée d'ailleurs. Je pense qu'elle se ressent plus qu'elle ne se voit, finalement. Mais, lui, il sait ce qu'implique cette imperceptible métamorphose."

Quelque part dans la nuit une enfant vient de recevoir le don d'un Lion. Quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle dise ou veuille, ses pas seront menés par la même force de volonté qui a animé le félin dans ses dernières heures de vie terrestre. 
Il lui a conféré son assurance qui est à la fois comme une bénédiction et un fardeau.  Il lui a transmis une part de ce masque de plénitude qu'il portait toujours, malgré les difficultés ou la douleur. Il lui a offert de comprendre la musique du vent et la lueur des étoiles. 
Et surtout, il lui a donné un nom: 
Patte Blanche. 

mardi 13 décembre 2011

- Lettre de la Princesse au Dragon 5 -




Mon cher Dragon,

Oh que je suis heureuse ! Je désespérais de recevoir de tes nouvelles, à vrai dire, je n'y croyais presque plus, je pensais que tu m'avais oubliée au milieu d'affaires plus importantes à suivre.
Oui, c'est vrai, je vois mal qui pourrait attenter à ta vie, chasseurs ou chevaliers, ce ne sont que de piètres humains, finalement. Ainsi, te voilà au royaume des elfes ! Vu qu'il ne figure sur aucune carte du mien, je comprends mieux pourquoi je ne pouvais te contacter en esprit, mais je suis d'autant plus impressionnée par Vif-d'Or, il était extrêmement fatigué à son retour, il sera amplement récompensé pour ce qu'il a fait, c'est certain !
Oui, j'ai visité quelques uns de tes rêves, Dragon, tu ne m'en veux pas j'espère... Ah ? Tu m'aurais donné l'autorisation sans vraiment t'en rendre compte ? C'est possible ça, surtout pour un Dragon ? Je ne sais pas si je dois me sentir complimentée ou gênée, peut-être les deux à la fois. Enfin, cela n'enlève rien au plaisir que j'ai eu à les découvrir, ces rêves, malgré le fait qu'ils n'aient pas tous été calmes et lumineux, cependant, j'ai conscience que par cela, j'ai eu accès à un certain nombre de choses qu'un simple mortel n'aurait pas dû savoir...
Il ne faut pas m'en vouloir, cher Dragon, mais je tiens à préciser que je n'ai rien fouillé, ces vérités sont venues à moi sans que je ne demande quoi que ce soit, je peux te le promettre ! Tu as toutefois raison, même un Dragon ne peut se dresser contre le Destin. Aujourd'hui, je doute de son existence, à ce fameux destin. Vois-tu, je viens de rejeter la proposition en mariage du prince charmant dont je t'avais parlé la dernière fois, je pense qu'avec ta grande mémoire, tu dois te souvenir à qui je fais allusion.
"C'est le destin des princesses dans votre monde que d'épouser les princes charmants, de vivre heureux et d'avoir beaucoup d'enfants. "
Il y a quelques temps, j'aurais été d'accord avec toi, quelle princesse ne rêve pas de rencontrer le prince charmant qui aurait été fait pour elle, qui tomberait amoureux d'elle à la fois pour son physique et son esprit, et lui fasse de beaux enfants qu'elle pourrait élever dans la sérénité d'un palais grandiose tandis qu'elle gouvernerait un royaume à ses côtés...
Aujourd'hui, cette idée me révulse.
Je ne supporte plus l'idée qu'un chemin ait été tracé contre ma volonté, je ne supporte plus le fait d'avoir été élevée dans ce but, je ne suis pas une machine à faire des bébés, et où est-ce écrit que seul un prince charmant peut satisfaire une princesse ? Pourquoi ne pourrais-je pas voyager, me battre, rêver, et aimer... quelqu'un de différent, quelqu'un qui ne serait même pas de ma race ?
Pourquoi ne puis-je pas suivre ma propre voie ? Elle est ailleurs que dans cette tour à attendre un homme qui me ferait la cour, j'en suis certaine à présent.
Vraiment, tu es sincère lorsque tu dis que tu crois en moi ? Est-ce vrai, que tu promets d'être là si jamais je sortais de cette horrible tour ?
Oui, cette horrible tour... Je ne peux plus aller à la fenêtre sans avoir envie de pleurer tant l'appel du dehors se fait de plus en plus impérieux en moi. Je me moque de ce que désire mon père désormais. Je souhaite vivre par moi-même. Tant pis pour mes privilèges, mon confort ou tout autre trésor que d'autres filles m'envient. Je leur laisse ma place sans hésiter.
Alors, me diras-tu, tout ceci ne sont que de beaux mots, cela manque d'actes, et tu n'es pas en tort en relevant ce petit détail !
Non, en effet, ces princes charmants ne me distraient plus... Je n'ai que faire de leurs beaux discours, ils sont redondants, je pourrais finir leur phrase en avance tant ils se répètent tous. Je n'ai que faire de leurs habits richement brodés, de la grâce qu'ils tentent de donner à leurs mouvements ou à leur voix. Ils sont vides. Ils ne pensent qu'à aller se faire rôtir la cervelle par des gobelins plus malins qu'eux ou encore d'aller défier des ogres qui n'ont pas demandé à être dérangés dans leur marais. Comment pourrais-je accepter d'être l'épouse de l'un d'eux ?
Pour ce qui est de ta promesse d'être à mes côtés, cher Dragon, je veux te croire. Et je le peux, face à... face à ce que j'ai vu, dans tes rêves.
Oh, je t'en prie, ne m'en veux pas d'avoir été spectatrice de choses passées...
Mais si je t'avoue ce que j'ai vu, peut-être verras-tu mon honnêteté et mon désir de ne pas te froisser en quoi que ce soit. Après les paysages, les pleuplades de mondes dont j'ignore les noms, des éclats de rire dispercés dans ta mémoire, j'ai croisé cet amour perdu.
Cet amour que tu as porté pour quelqu'un de ma race, mais à qui tu n'as pu le lui avouer de peur de ne pas être accepté ou même compris... Mais, cela ne n'a pas retenu mon attention très longtemps... Car, au creux d'un de ces rêves secrets, j'ai pu effleurer un autre amour, qui, je pense, est destiné à une toute autre personne... Pourtant je n'ose en explorer trop les frontières, ce rêve t'appartient, je ne peux pas ... aller plus loin.
Néanmoins, c'est ce songe qui me donne aujourd'hui l'assurance que je ne serais pas seule si jamais je sortais de cette tour, que, peut-être, quelqu'un m'attend de l'autre côté.
Te rencontrer en vrai, je ne sais pas si je pourrais être un jour prête pour cela ! Tu seras bientôt de retour ? Je pourrais donc converser avec toi mentalement à nouveau. Je... J'hésite.
Je crois que je préfère te savoir tout proche de moi pour sortir, je ne veux pas me retrouver seule face à ce monde qu'on dit dangereux et pervers. Dis-moi quand tu seras près de chez moi et j'essayerais de sortir. C'est promis, croix de bois croix de fer si je mens je me transforme en vipère !
Aussi, mon cher Dragon, dis-moi plus pourquoi... pourquoi ma vie si insignifiante te touche, pourquoi... pourquoi ce rêve que j'ai caressé en toi m'était destiné. J'en ai besoin. J'ai besoin d'être réconfortée avant la terrible épreuve que je vais subir afin de me libérer de cette tour.

Bisous très doux,

Princesse.

PS : Je te souhaite un bon vol ;) c'est même la formule que l'on emploie chez les humains qui utilisent les machines que tu as pu apercevoir il y a peu dans le ciel. Mais pour l'instant, les gobelins, qui se débrouillent plus à ça, préfèrent lancer : "Pleine puissance, monsieur Soulou !" Encore un mystère gobelin qui court dans la nature... !

PSS : Je n'ai vu d'elfes que dans les livres... Mais je sais qu'ils ont beaucoup de familles différentes ! On peut parler d'elfe de la nuit, elfe de maison, elfe-lutin, elfle sylvain, haut elfe... cependant, en dehors de quelques paragraphes et quelques illustrations, je n'ai pas la moindre idée de ce que serait un elfe en chair et en os. Je suppose que toi, tu dois tout savoir sur eux ^^

PSSS : Toi qui a vu beaucoup de choses, tu saurais comment sont nées les étoiles ? :)

vendredi 9 décembre 2011

- Lettre du Dragon à la Princesse 5 -








Ma chère princesse, je te prie de m'excuser pour mon silence prolongé ces derniers jours, comme tu l'as dit un Dragon est souvent très occupé. J'ai dû quitter un temps ton royaume pour partir en territoire elfe et de ce fait je ne pouvais plus trouver d'intermédiaire pour t'envoyer des messages et c'est pour cela aussi que, étant trop éloigné, tu ne pouvais atteindre mon adresse mentale. Cependant il semble que notre lien n'ai pas totalement disparu avec la distance. Tu pouvais donc entrer dans mes rêves chère princesse ? Voilà qui me trouble beaucoup. Il semble que ton esprit soit plus fort que je ne l'aurai cru, toutefois pour que tu ai pu faire cela, le mien à bien du implicitement t'en donner l'autorisation. Oh, tu sais chère princesse, les rêves d'un Dragon de plusieurs centaines d'années ne sont pas tous beau à voir. Certes il y a des paysages, des gens, des lieux magnifiques mais il y a aussi beaucoup de regrets, et beaucoup de choses que l'on n'a pu empêcher. Même un Dragon ne fait pas le poids face au grand déroulement du destin. 
Mais ne t'en fait pas il ne m'est rien arrivé de mal, les chasseurs de dragon se font rares de nos jours, ils savent qu'ils ont plus de chance de finir coincé entre mes molaires que de toucher une récompense pour ma tête.
Je suis heureux de t'entendre dire que tu vas mieux, que le monde t'extérieur te parait de plus en plus accessible, je sais que tu peux y arriver princesse, et je te fait la promesse d'être à tes cotés lorsque tu te décidera à sortir de ta tour. 
Alors comme ça, un prince charmant est venu te voir ? Pardonne-moi mais pour moi les humains en armure sur leurs chevaux se ressemblent tous. Qu'est ce qui en fait un prince charmant ? Tu le trouve donc risible ? Pourtant c'est le destin des princesses dans votre monde que d'épouser les princes charmants, de vivre heureux et d'avoir beaucoup d'enfants. Enfin c'est ce que j'ai lu la dernière fois que j'ai consulté une bibliothèque humaine. Et ton père le roi risque de ne pas être content si tu repousses tous les princes qui se présentent comme des malotrus. Sans aller jusqu'à des cours de langue^^ il faut faire bonne figure.
Oh princesse ne crois pas que tu ne me manques pas, je prends beaucoup de plaisir à converser avec toi que ce soit par lettre ou en pensée, et que des affaires importantes m'attirent loin de toi m'attriste vraiment. Mais au moins je me console en me disant que le prince charmant doit te distraire avec ces singeries et ces beaux discours. 
Je serai bientôt de retour dans ton royaume ne t'en fais pas, et cette fois-ci oui nous nous rencontrerons en vrai, mais pour cela, il faut d'abord que tu fasse le pas hors de ta tour. Tu as du temps pour te préparer ne t'inquiète pas, je volerai lentement ;) 

PS: Tu as un griffon particulièrement doué pour avoir réussi à me retrouver en territoire elfe sans s'être fait détecté par les sentinelles. J'espère qu'il rentrera sans encombre.

PSS: As-tu déjà vu un(e) elfe, ne serait-ce qu'à la cour de ton palais? 

PSSS: Haha, non les Dragons n'ont pas réglementé le ciel (hormis au dessus de leur territoire bien sur) n'importe quelle espèce à le droit de s'élever vers le ciel et de gouter à l'ivresse du vol, même vous les humains. J'en ai vu passer un une fois sur une grotesque machine volante, j'ai failli m'écraser au sol tellement j'étais tordu de rire...^^