dimanche 24 avril 2011

- Je suis au Bord de l'Univers -






Je suis au bord de l'univers.
Je suis assise sur le plus haut mont de la terre, le regard perdu dans le ciel partagé du crépuscule. Un vent jeune souffle contre ma joue, j'ai les genoux repliés contre moi, les étoiles commencent à éclore peu à peu alors que la nuit dépose ses voiles sombres.
Je suis seule avec la brise qui me murmure des secrets inaudibles à l'homme au creux de mon oreille, l'herbe drue qui de ses doigts chatouille mes pieds, ce soir, même ma Mère Nature s'est tue, quelque chose arrive.
Oui, au milieu de cette parure bleue de nuit, tu apparais devant moi, seul, impérieux.
Tes ailes ouvertes forment une coupole noire, ton corps puissamment courbé est tendu, avec ta forte poitrine qui révèle des écailles bleues claires, tes pattes griffues pendent dans l'air immobile, oui, grand Dragon dans le ciel de cette nuit couverte d'étoiles, tu me regardes.
Dans tes yeux nagent vie et mort, lumière et ombre, une couleur d'harmonie, deux billes brûlant d'une flamme bleue. Toi qui traverses les ciels des temps, des univers et sans se préoccuper des faibles hommes, tu as le regard fixé sur moi, comme si cette vision te stoppait dans ton vol majestueux et inaccessible.
Je ne sais pas si tu as déjà regardé quelqu'un ainsi, si tu t'es déjà penché sur ses ombres qui grouillent sur la terre, si ton cœur ne s'est jamais ouvert à un être si en-dessous de toi. Pourtant tu me regardes toujours, je me sens aspirée par le tourbillon de tes yeux, et soudain, sans briser le silence et les nuages, tu plonges vers moi.
Tes ailes s'approprient l'air tout entier, ton corps joue avec le ciel et les étoiles, tu es maître de tout ce qui peut vivre ici, devant toi les nuages s'écartent, le vent s'incline et te sert à jamais, et puissant, magnifique et impérial, tu voles jusqu'à moi, moi qui n'ai pas bougé.
Tu es si grand que, enfin posé au sol, ton long cou noir arqué tient ta tête juste devant moi, fille agenouillée, qui sent ton souffle de feu réchauffer mon visage. Nous en bougeons pas. Je ne sais toujours pas pourquoi tu t'intéresses à moi. Tu es si imposant, si animal et libre, que je devrais avoir peur de toi comme tous mes semblables mais pourtant, mon cœur bat plus d'émotion que de terreur.
Je me noie dans tes yeux. Oui, c'est bien un bleu d'harmonie, dans ton regard, je pourrais voir l'univers qui se plie à ta volonté depuis toujours, d'une éternité à une autre. Je me lève lentement. Tu ne bouges pas, moi, si petite, une mouche contre ton flanc, une pépite dans tes yeux prête à être soufflée. Je m'approche, tu es si chaud et froid en même temps, doux et rugueux, droit et ému par quelque chose que je ne saurais dire.
Je lève la main lentement vers toi, tu te laisses faire. Tes écailles sont dures et lisses, brillantes et noires. Je me perds dans tes yeux, encore, encore, à jamais...

Dragon, dis moi, je t'en prie... Pourquoi être venu jusqu'à moi ? Qui suis-je ? Qui suis-je pour qu'un être tel que toi descende de son ciel pour se laisser toucher par une fille comme moi ?

Je suis au bord de l'univers.
A ton écoute.

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