vendredi 4 mars 2011

- Un Lion pour la Volonté -



I-

Je ne m'offrirai plus à ce néant là. 
Mots qui brûlent.
Oui, j'ai été marquée au fer rouge.
Mais cela ne sert rien de vouloir faire sortir ces mots. 
Juste à attiser les flammes qui me dévorent.
Ne plus jamais m'abandonner au trou noir.
De moi-même.
Je suis moi. 
Mon inconscient et mon conscient.
Au premier je lui laisse mes ombres, mes cauchemars, mes désirs noirs et rouges, mes hontes, mes déceptions.
A l'autre j'y cultive mes rêves, mon espoir, l'eau de mon cœur qui deviendra rivière. 
Là est le fait salvateur.
Ne pas faire sortir ce feu malsain, ouvrir mon esprit au Mangespoir, à sa volonté de rendre cendre. 
Les voiles ne sont pas tous fait pour être déchirés. Je me connais. Je sais ce que je suis, ce qu'il y a en moi. 
Affronter toutes mes horreurs d'un seul coup, c'est au delà de ma force.
Le faire sortir le fait entrer en moi. 
Impossible de le dire autrement. De vouloir ouvrir la porte fait qu'il prend encore plus de place.
Lorsqu'il s'étend, je suis lui, il devient un miroir déformant ma réalité. 
La brouille et la rend monstrueuse, suis-je incapable de me voir ainsi ? Oui.
Serait-ce être incapable de se regarder en face ? 
Suis-je moins belle à tes yeux si je te dis que pour l'instant je ne peux pas, pas de cette manière là ?
Je n'ai pas besoin de faire sortir mes ombres, juste de faire couler la rivière qui est en moi.
Cette rivière vive et lumineuse, remplie de vies, de couleurs, de filets à rêves, de courants, prise dans un chant éternel.
Vous venez vous y promener souvent, à ma rivière, y tremper un orteil pour en goûter la fraîcheur, tenter d'attraper mes petits poissons, courir à ma vitesse, je suis rivière.
Je ne m'offrirai plus au néant.
Juste au silence.
Qui apaise. Le silence avant la pluie.
Il y a des esprits, des démons dans le Mangespoir.
Leur donner des mots pour s'exprimer, c'est leur donner vie.
Alors je n'écrirai plus de cette manière là.
Laisse moi être la rivière, source de vie et de force, eau qui guérit et qui rafraîchit.
Qui change d'état mais qui jamais ne s'arrête.
Tu ne m'enlèvera pas ma rivière.


II-

Le lion pleure. Si tu savais comme je pleure.
D'avoir été trahie, jetée à terre, destituée, vendue pour une poignée de peurs plus fortes que moi.
Le lion est un roi du feu libre, de l'or du soleil, de l'horizon de demain et avance, bien plus fort que les hommes.
Tu aimes la lumière de sa crinière, sa démarche souveraine, son air tranquille, 
et même toute la puissance qu'il peut faire exploser en un rugissement.
Écrire pour se purifier.
Se purifier avec de l'eau.
Lion pleure. Il est en rage.
On ne cesse de l'attaquer, le blasphémer, le provoquer. 
Et impuissant face à l'ombre, il ne peut que rugir après elle, la mordre, 
et hurler à tous ceux qui l'approchent qu'il tuera tout ce qui se mettra en travers de son chemin.
Il hait cette ombre qui vole au dessus de sa tête, comme un souvenir attaché à lui telle une sangsue. 
Lion qui veut aller parler au soleil, s'imprégner de lui et aller vaincre le nuage qui l'encercle. 
Faire jaillir une lumière de vie qui s'élancera sur toute la terre qu'il gouverne.
Lion pleure.
Eau qui chante. Doucement entre ses moustaches.

III-


Larme et rage.
Parce que derrière le lion se cache une fille.
Une fille banale, une fille qui se cherche et ne se trouve que lorsqu'elle tombe.
Un être humain avec un cœur, un esprit et une âme.
Une fille rongée de faiblesses, de doutes, de blessures, de déceptions.
Une fille comme tout le monde qui n'a trouvé qu'une seule chose pour survivre. 
Pour donner la vie, pour se trouver, pour attirer les autres, les soigner, les faire espérer.
Les mots.
De petits poissons colorés dans la rivière.

Je t'interdis d'oublier.
Si la fille faiblit, la rivière recule et le lion pleure.
Ce n'est pas un mal en soi.
Mais je veux juste que tu n'oublies jamais où se trouve la source de la rivière et le cœur du lion.
En elle.
Elle est la source, le cœur. 
L'origine.
Tu peux essayer de l'atteindre et de lui faire du mal, alors la rivière et le lion rugiront contre toi.
Approche toi doucement, caresse l'eau et la crinière.
Donne leur des mots tendre, des mots vrais, des mots intelligents et qui la feront avancer.
Approche toi et prends soin d'elle, alors la rivière chantera et le lion reprendra sa course.
La course sur les Étoiles, à aller parler aux hommes et à leurs cœurs.

Avec de l'eau comme baume,
Une crinière de lion comme lumière,
Et un cœur de fille pour vivre.

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